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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/263

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de revoir son père, de dire adieu à son père ?…

Mystère impénétrable ! Rien ne transpira plus d’elle à ceux qui la voyaient, expirante et captive dans une telle étreinte, et qui ne pouvaient l’en délivrer ! Passée à l’état de statue rigide, pour qu’elle fût plus statue encore, ses cheveux blonds, la gloire de sa tête, hérissés déjà, mais si beaux, malgré leur tragique hérissement, devinrent entièrement blancs en quelques minutes.

Ah ! le génie de la Douleur, ce grand artiste qui nous sculpte avec un amour si féroce, n’oubliait rien ! Statue effrayante qui craquait dans son marbre et suintait comme les marbres suintent dans les églises par les temps humides. De larges gouttes de sueur glacée roulaient et restaient dans ses tempes creuses… Le docteur, avec cette horrible familiarité des médecins qui abaisse tout, y mit son doigt et dit ce mot pittoresquement terrible :

— Ce sont les salières de la Mort.

C’est quand la dernière de ces gouttes livides fut séchée, qu’il ajouta que, pour le coup, c’était bien fini et qu’elle n’existait plus…

Néel tomba à la renverse. On l’emporta.

Mais, revenu à lui, il rentra dans l’appartement où elle était morte. Il ne voulut pas retourner avec son père et monsieur de Lieusaint à la tourelle de Néhou. Il refusa obstinément