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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/34

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les innombrables appareils qui ressemblent à des armes chargées, bourrées, près d’éclater, de vomir la mort ; ces réservoirs étranges, ces vases inouïs, aux lignes et aux contours fantastiques, chimères d’airain ou de cristal, les uns avec de longs cous qui s’allongent ou qui se replient comme des serpents, les autres avec des ventres de bêtes pleines qui vont mettre bas, lui parurent une ménagerie immobile, mais menaçante, d’animaux d’un autre monde, figés momentanément par une puissance suprême, mais apocalyptiquement hideux.

L’abbé Méautis avait la vive imagination d’un poète, et le passage subit du plein jour du dehors au clair-obscur de cette vaste mansarde sombre favorisait une telle illusion. Les beaux ovales des fenêtres, un peu penchés, qui soutenaient si noblement le toit à pans coupés du Quesnay, et qui auraient dû laisser passer à flots la lumière, l’arrêtaient au contraire, tant la poussière du charbon, toujours allumé sous le fourneau de ce Souffleur éternel, comme l’avait appelé le vicomte Éphrem, avait terni leur vitre dépolie ! Bistrée par cette fumée incessante, tachetée sur le stuc de ses parois par les mordants et les acides, cette immense mansarde, au plafond noirci, au pavé de briques rousses et luisantes, couvertes d’une poussière qui ressemblait à de la limaille de métal, était