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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/41

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légalisé ! Or, monsieur, pour les âmes fidèles, le prêtre marié est plus révoltant et plus criminel que le prêtre tombé, n’importe dans quelle fange ! plus criminel que le prêtre concubinaire lui-même, contre lequel tous les conciles ont prononcé tant d’anathèmes et de châtiments. Et vous qui êtes un grand esprit, monsieur Sombreval, et qui savez la haute raison, sociale et religieuse, de cette différence, ce n’est pas vous qui en nierez jamais la réalité ! Ce ne sont pas les crimes de la chair, mais ceux de l’esprit, qui sont les plus grands. Un prêtre tombé est un grand pécheur qui peut se relever, en s’appuyant sur la loi qu’il a méconnue, mais un prêtre marié a corrompu jusqu’à la notion de loi, en en invoquant une à l’ombre de laquelle il a coulé son crime, et en s’établissant, grâce à cette loi, dans son péché, comme dans une forteresse. Ah ! ce n’est pas nous, prêtres chrétiens, qui pouvons diminuer l’horreur des fidèles pour de tels scandales ! mais, l’eussions-nous tenté pour vous, — à tous tant que nous sommes dans les paroisses d’alentour, nous y aurions échoué, monsieur Sombreval ! Tout notre effort eût été stérile. L’horreur et l’indignation ne pouvaient être diminuées. Vingt fois, cent fois, vous les avez senties devant vous, derrière vous, exprimées par ces populations révoltées contre vous qui êtes le plus grand des coupables… un sacri-