Aller au contenu

Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le lourd crucifix ne tomba point sur le visage tranquille de la jeune fille endormie, mais chose non moins horrible ! c’est contre son visage, à elle-même, que cette femme exaspérée le retourna et qu’elle l’abattit !… Elle s’en frappa violemment, avec la frénésie d’une pénitence qu’elle voulait s’infliger dans un fanatisme féroce. Le sang jaillit sous la force du coup et le bruit du coup réveilla Lasthénie, qui poussa un cri en voyant cette lumière soudaine, ce visage, ce sang qui coulait, et cette mère qui se frappait avec cette croix !

— Ah ! tu cries ! tu cries maintenant ! fit madame de Ferjol avec un affreux éclat d’ironie. Tu n’as pas crié quand il fallait crier. Tu n’as pas crié quand !…

Mais elle s’arrêta, hérissée, ayant peur de ce qu’elle allait dire, — se cabrant devant ce qu’elle pensait !…

— Oh ! dissimulée ! reprit-elle. Fille hypocrite, tu as bien su tout taire, tout cacher, tout engloutir ! Tu n’as pas crié, mais ton crime à présent crie sur ta face et tout le monde va l’entendre crier comme moi ! Tu ne