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Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/110

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sespérée. Et reprenant avec plus de fureur que jamais :

— N’ajoute pas le sacrilège au mensonge, — fit-elle, — et brutalement elle ajouta le mot affreux dans sa trivialité : Tu es grosse, tu es perdue, tu es déshonorée ; nie-le, ne le nie pas, qu’importe ! L’enfant viendra, malgré tous tes mensonges ! et te donnera un démenti ! Tu es déshonorée ! tu es perdue ! mais je veux savoir avec qui tu t’es perdue, avec qui tu t’es déshonorée ! Réponds-moi tout de suite, avec qui ?

— Avec qui ? avec qui ? — répétait-elle en prenant l’épaule de sa fille et en la secouant avec tant de rage qu’elle la rejeta sur l’oreiller, et que la faible enfant y retomba plus blanche que l’oreiller lui-même…

C’était (en si peu d’instants !) le second évanouissement de Lasthénie, mais la cruelle madame de Ferjol n’en eut pas plus de pitié que du premier. Maintenant qu’elle avait demandé pardon à Dieu pour le crime de sa fille et pour le sien, à elle, qui ne l’avait pas surveillée avec assez de vigilance, elle aurait foulé aux pieds Lasthénie dans sa colère ma-