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Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/126

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flottants du peignoir. Mais sa mère ne le permettait pas. Il fallait aller à l’église. Sa mère l’exigeait et d’autorité l’y conduisait. Avec ses idées religieuses, madame de Ferjol devait croire que l’influence de l’église pouvait faire du bien à Lasthénie, à cette âme coupable et fermée. Elle pouvait bien ouvrir son cœur et lui faire verser ce qu’il renfermait dans le cœur de sa mère. « Vous n’êtes pas assez près de vos couches, — lui disait-elle avec une sévérité méprisante, — pour ne pas aller demander pardon à Dieu dans sa maison sainte, » — et, pour l’y conduire, c’était elle qui l’habillait. Ce n’était plus Agathe. C’était elle qui, au moment de sortir, lui entortillait la tête dans un voile épais, — dût Lasthénie étouffer là-dessous ! — pour cacher ce masque qu’elle avait vu et qu’elle n’eût pas mieux caché, quand il aurait été une lèpre… Et ce n’était pas seulement le visage qu’il fallait dissimuler ! C’était ce ventre, qui aurait tout révélé aux regards les moins observateurs, et, pour cela, elle laçait elle-même le corset de Lasthénie, et elle ne craignait pas de le serrer trop fort et de lui faire mal…