Aller au contenu

Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour Agathe, malgré sa joie de retourner au pays, car Agathe souffrait de tout ce qui faisait souffrir Lasthénie. Elle avait toujours la même idée sur le mal inconnu de sa « chérie » contre lequel rien ne pouvait des remèdes humains, et pour lequel, selon elle, il n’y en avait qu’un d’efficace : l’exorcisme. Elle en avait fait luire, un jour, la nécessité aux yeux de madame de Ferjol qui, avec sa grande foi pourtant, l’avait repoussée ; — ce qui lui avait paru incompréhensible, à elle, la pieuse Agathe ! Mais arrivée à Olonde, elle se promettait bien d’insister avec sa maîtresse sur ce qu’elle lui avait dit une fois. Agathe, la Normande, avait toutes les dévotions de son pays. En Normandie, une des plus anciennes, puisqu’elle remonte au roi saint Louis, est la dévotion au Bienheureux Thomas de Biville, confesseur de ce roi. Elle avait le dessein d’aller les pieds nus au tombeau du saint homme, qui ajouterait la guérison de Lasthénie à tous ses autres miracles ; et s’il ne la guérissait pas, c’est alors qu’elle avertirait son confesseur et qu’elle lui demanderait d’exorciser la pauvre fille. Malgré