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Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/155

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y étaient revenues, l’aspect extérieur du château ne changea pas. Il sembla toujours qu’il n’y avait plus là âme qui vive pour les paysans qui passaient au pied et qui n’y faisaient pas plus attention que s’il n’avait jamais existé. Ils l’avaient vu toujours à la même place, ayant, sous ses contrevents et ses obliques condamnés, la même physionomie d’excommunié, comme ils disaient, expression religieuse des temps antérieurs, profonde et sinistre, et l’habitude de le voir les avait blasés sur cette chose singulière d’un château frappé d’un abandon qui ressemblait à la mort.

Les fermiers d’Olonde habitaient assez loin de la demeure des maîtres pour ignorer ce qui s’y passait depuis l’arrivée en cachette des dames de Ferjol. Agathe, qui avait trente ans quand elle disparut dans l’enlèvement de mademoiselle d’Olonde et changée de visage par vingt ans d’absence, n’avait plus personne qui s’en souvînt dans la contrée et qui pût la reconnaître, quand elle allait tous les samedis pour la provision aux marchés des alentours. Ce n’était plus parmi