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Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/166

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ce courage ! » Lasthénie l’eut comme si elle avait été forte. Elle ne poussa pas un seul cri, qui, d’ailleurs, n’eût averti personne dans cette maison, à laquelle la nuit ne pouvait pas ajouter un silence de plus, tant le jour elle était silencieuse ! Le seul être qui aurait pu entendre Lasthénie était Agathe, mais elle couchait dans une chambre placée à l’extrémité du château, hors de toute atteinte de la voix, si Lasthénie avait crié. Toutes les précautions avaient été bien prises par la prudente madame de Ferjol. Néanmoins, il y eut encore pour elle, malgré ses précautions, un moment terrible. La peur de l’incertain la prit ; une défiance insensée ! Elle était bien sûre qu’il n’y avait là qu’elles deux, et cependant elle osa aller, le cœur palpitant, ouvrir toute grande la porte fermée, pour voir s’il n’y avait personne derrière, et regarder dans le sombre du corridor. Elle imaginait là Agathe accroupie. Il était bien impossible qu’il y eût quelqu’un ! N’importe ! elle y alla, avec la transe au cœur que connaissent les superstitieux qui ne sont pas bien sûrs de ne pas voir, tout à l’heure, se dresser