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Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/192

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qui avait rompu sur son genou la taille de cette pauvre voûtée, — cette taille autrefois d’épi, balancé sur sa tige, qu’avaient pressée les bras d’un homme !

Cette tragédie intime dura longtemps entre ces deux femmes, au fond de cette campagne, qui ne ressemblait pas à l’entonnoir des Cévennes, mais sur laquelle elles ne pensèrent jamais à jeter seulement un regard par les fenêtres de leur demeure. On n’y vit jamais que la tête d’Agathe… qui y respirait, le soir, son pays. Et elles vécurent ainsi, si cela peut s’appeler vivre ! Madame de Ferjol, certaine que sa fille n’échapperait pas à la punition de son péché, la regardait tomber jour par jour sous le rongement du mal mystérieux qui la tuait, comme on regarde les débris d’un palais démoli tomber en poussière… Malgré tout ce qu’elle trouvait de criminel en cette fille qui lui avait résisté quand elle avait voulu savoir la vérité de son âme, malgré la dureté de sa foi religieuse, malgré tout enfin, madame de Ferjol souffrait de ce qui faisait souffrir Lasthénie ; mais, victime de la contraction de toute sa vie ramassée dans la mémoire de