Aller au contenu

Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mords d’avoir cru Lasthénie coupable et, sous cette erreur, de l’avoir si lentement et si tragiquement fait mourir.

— Oh ! mon père, mon père, dit madame de Ferjol, la bonne nouvelle vient trop tard. C’est moi qui ai tué Lasthénie. L’homme, le prêtre, au péché de qui je n’ai jamais voulu croire, et qui a fait pis que de la tuer, ne l’avait pas tuée, en la prenant dans ses bras sacrilèges. Il ne l’avait que souillée et flétrie, mais il me l’avait laissée à tuer, et je l’ai tuée ! J’ai achevé par la mort de ma fille le crime qu’il avait commencé.

Elle resta la tête basse après avoir dit cela. Elle s’était jugée… Le prêtre voyait bien qu’intérieurement elle se déchirait… et il eut pour elle la pitié qu’elle n’avait pas eue pour Lasthénie. Il s’assit, et il lui parla avec une charité divine. Il lui dit que ce qu’elle souffrait était de trop ; qu’elle était la victime d’une erreur dont il était impossible qu’elle ne fût pas la victime, et alors il lui raconta le crime de Riculf. Dans ce temps-là, la science, devenue maintenant populaire, n’avait que des observations superficielles et inexactes sur