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Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/227

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main coupée était bien la main du capucin Riculf et que le malheureux, en effet, avait été réellement un des premiers bandits du siècle. Quand Agathe l’avait rencontré descendant les marches de cet escalier qui avait vu son crime, et laissant derrière lui le grand Calvaire placé à la sortie du bourg, il était allé à tous les vices ! Ils cuisaient alors dans la chaudière où la Révolution bouillait, prête à déborder sur le monde. C’était l’heure où l’Église elle-même avait besoin de persécution, et de se retremper dans le sang des martyrs. Quand Riculf sortait, par un crime, de son Ordre, Chabot, le capucin de la Révolution, en sortait peut-être aussi… Mais Riculf avait cette supériorité sur Chabot, qu’il s’était repenti, plus tard… Après des années d’une vie de forfaits, il était arrivé, un soir, à la Trappe de Bricquebec, dans le plus affreux désespoir, montrant un de ces repentirs qui ne prennent que les âmes puissantes… « Si vous me chassez, dit-il à l’abbé, vous me renverrez à l’enfer d’où je sors ! » « Et moi et mes frères, dit l’abbé à madame de Ferjol, nous nous souvînmes que la Trappe, c’est le refuge des cri-