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Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/57

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Peut-on dire cela d’une dévote qui, à tout bout de champ, exclamait et invoquait sa patronne ?…) Sainte Agathe, ça pèse-t-il, dit-elle. En voilà un tas ! et blanc ! une neige ! et sec ! et sentant bon ! C’est plus que vous n’en pourrez plier d’ici le dîner, madame et mademoiselle ! Mais aujourd’hui, le dîner peut attendre… Vous n’avez jamais faim ni l’une ni l’autre, et le capucin est parti ! Fit parti, bien sûr, pour ne pas revenir… Ah ! sainte Agathe ! il paraît qu’ils s’en vont comme ça, les capucins ! sans dire ni bonjour ni bonsoir aux gens qui les hébergent !

La vieille Agathe, fille trois fois majeure, qui avait été une belle fille, blanche et rose — couleur de pommier en fleurs — comme le Cotentin en produit, et qui avait accompagné sa jeune et amoureuse maîtresse dans les Cévennes, quand le baron de Ferjol l’avait si scandaleusement enlevée, la vieille Agathe avait son franc-parler avec ces dames de Ferjol. Elle l’avait conquis. Elle l’avait pour trois raisons, dont l’enlèvement de mademoiselle Jacqueline d’Olonde, à laquelle elle s’était assez dévouée, — comme elle disait : pour s’être « mise