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Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/44

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IV


Ce matin, je pense à la vision si grande d’avant-hier. Mais déjà je la revois avec moins d’émotion ; déjà, elle s’est un peu éloignée de mon cœur puisque un jour s’est passé. Va-t-elle mourir sans que je fasse rien pour elle ?

Un désir me prend ; l’écrire, fixer d’une façon définitive tous les détails de ce que j’ai ressenti, pour que les jours ne les dispersent pas en passant, comme de la poussière.

Mais, tout de suite, la blancheur du papier m’apporte l’oubli de ce que j’ai à dire, un éblouissement doux où se fond toute la précision de mes souvenirs.

Grâce à une attention tendue et ramenée sans cesse, malgré une fatigue grandissante derrière les yeux, j’écris, j’écris tout. Je m’enfièvre. Je crois que je traduis exactement la réalité des choses. Puis je me relis, et ce n’est rien, — que des mots qui gisent devant moi.

L’oppression extraordinaire, la simplicité tra-