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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/390

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rant. Une perspective nouvelle autant qu’éblouissante s’ouvre tout-à-coup aux yeux du farouche conquérant. Mahomet-Shah et Mizam-al-Mulk sont rappelés au camp du Persan ; Nadir marche vers Delhi, qui ouvre ses portes pour le recevoir. Les deux premiers jours, la plus stricte discipline est observée par les Persans, le plus grand ordre règne dans la ville ; mais dans la nuit du second jour, par une étrange fatalité, le bruit se répand que Nadir-Shah a été tué. Les malheureux habitants croient le moment venu de se délivrer et de se venger des Persans : ils courent aux armes ; pendant la nuit la ville est livrée au tumulte, au carnage. Au point du jour, Nadir monte sur un lieu élevé qu’on montre encore à Delhi ; de là, il disperse ses soldats dans des directions différentes et dans tous les sens. D’après ses ordres, les Persans massacrent tout ce qu’ils trouvent, sans distinction d’âge ni de sexe ; depuis le lever du soleil jusqu’à la moitié de sa course, le sabre, la lance et le poignard frappent sans relâche et sans pitié ; le sang coule dans les rues, inonde les places publiques, baigne le pied des palais. Des cris de rage, de désespoir, s’élèvent de toutes parts, se mêlant au bruissement, au sifflement des flammes, car le feu avait été mis tout-à-coup à différents quartiers de la ville. Sur la terrasse d’un palais, et le glaive à la main, Nadir, semblable à l’ange exterminateur, présidait au massacre. Cependant, fatigué de meurtres, il fait donner l’ordre de cesser le carnage : aussitôt,