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Page:Barrès – L’Appel au Soldat.djvu/266

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CHAPITRE XI

LA VALLÉE DE LA MOSELLE

STUREL ET SAINT-PHLIN
RECHERCHENT LEURS RACINES NATIONALES
Heureux celui qui se souvient avec plaisir de ses pères ; qui entretient avec joie l’étranger de leurs actions, de leur grandeur, et qui goûte une satisfaction secrète à se voir le dernier anneau d’une belle chaîne ! Heureux celui-là, car une race n’enfante pas soudain le demi-dieu ni le monstre : c’est seulement une suite de méchants ou de bons qui produit à la fin l’horreur ou la joie du monde.
Goethe. Iphigénie en Tauride.
Il ne sera pas malaisé de comprendre comment les pères et les mères font des impressions très fortes sur l’imagination de leurs enfants. — La première raison, c’est qu’ils sont de même sang. Car, de même que les parents transmettent très souvent dans leurs enfants des dispositions à certaines maladies héréditaires, telles que la goutte, la pierre, la folie et généralement toutes celles qui ne sont point survenues par accident…, ainsi ils impriment les dispositions de leur cerveau dans celui de leurs enfants et ils donnent à l’imagination un certain tour qui les rend tout à fait susceptibles des mêmes sentiments… Ayant dans notre cerveau des traces semblables à celles des personnes qui nous donnent l’être, il est nécessaire que nous ayons aussi les mêmes pensées et les mêmes inclinations qui ont rapport aux objets sensibles.
Malebranche. Recherche de la Vérité

Au début de juillet, Sturel descendit à Bar-le-Duc et prit la petite ligne à voie étroite de Clermont en