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Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/102

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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

homme. Et lui, couché parmi les rares fleurs, il suivait avec nonchalance le reflet de son image balancée sur les étangs.

Alors, sans crainte de froisser les petites branches de lavande, elle s’agenouilla devant lui et le baisa doucement au front pour murmurer :

— Est-ce moi, mon ami, ou sont-ce vos pensées que vous voulez accueillir à cette heure ? Daignez comprendre ce qui me plaît parmi ces saules. Voulez-vous donc que je rougisse ?

Mais elle s’interrompit de sourire, inquiète de ce jeune homme si las, devinant peut-être qu’il contemplait là-bas, plus loin que tout désir, le temple de la Sagesse Éternelle vers qui les plus nobles s’exaltent. Elle posa sa main délicate sur les yeux du jeune homme.