Aller au contenu

Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
SOUS L’ŒIL DES BARBARES

livres secs, jaunes, verts, souillés, trop connus, ont disparu. Plus rien qu’une masse profonde de pensées qui baignent son âme, aussi réelles, quoique insaisissables, que le parfum répandu dans tout notre être par le souvenir d’une femme et que nous ne saurions préciser. Des bouffées d’imagination indéfinies et puissantes le remplissent : désirs d’idées, appétits de savoir, émotions de comprendre ; il est ivre comme de la pleine fumée presque pâteuse de son cigare. Il halète de tout embrasser, s’assimiler, harmoniser. Son mécanisme de tête puissamment échauffé ne s’arrête pas à se renseigner, à déduire, à distinguer, à rapprocher ; son regard n’est tendu vers rien de relatif, de singulier, — c’est toute besogne de fabricant de dictionnaire. Il aspire à l’absolu. Il se sent devenir l’idée de l’idée ; ainsi dans le