descendues et sur une porte close, elles ont trouvé une clef
d’or. Craintives, elles ont regardé par les fentes. L’océan
s’étendait derrière la porte. Alors elles ont eu peur de mourrir
et voilà pourquoi elles
… Frappent à la porte close
Sans oser l’ouvrir[1].
L’humanité partage l’inquiétude des sept filles d’Orlamonde.
Elle a trouvé la porte du mystère. Les rayons de
l’inconnaissable filtrent de toutes parts dans la salle où notre
âme reste prisonnière ; mais l’épouvante de sa clarté paralyse
notre curiosité. Nous manquons d’audace. En aurions-nous,
nous ne serions guère plus avancés. Les clefs libératrices
ont soudain disparu et, de plus, la porte fatidique est fermée
par des verrous extérieurs. De longs siècles sont encore
nécessaires pour l’ouvrir. Notre persévérance nous a conduits
très près du but, mais longtemps encore il y aura entre nous
et l’Inconnaissable une porte dont on aura perdu la clef.
Les clefs des perles sont perdues ;
Il faut attendre, il faut attendre,
Les clefs sont tombées de la tour ;
Il faut attendre, il faut attendre,
Il faut attendre d’autres jours…
Les autres jours sont déjà las,
Les autres jours ont peur aussi,
Les autres jours ne viendront pas,
Les autres jours mourront aussi,
Nous aussi nous mourrons ici ![2]
La pensée de Mæterlinck est donc beaucoup plus nette dans ses Douze chansons que dans Serres chaudes. Ces deux livres de poèmes sont séparés par la publication de plusieurs