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LE SYMBOLISME

« C’était, déclare Goudeau, une chambre des députés en réduction. » On pouvait, en tous cas, faire confiance à son goût. Le succès des Hydropathes fut considérable. À la troisième réunion, il y eut 150 personnes. Le café de la Rive gauche fut jugé trop petit. On s’offrit un immense rez-de-chaussée au 19 de la rue Cujas, puis on émigra rue de Jussieu, et enfin place Saint-Michel, non sans avoir soutenu d’amusants débats avec la préfecture de police. Tout ce que Paris comptait de jeunes dans les lettres et dans les arts défila aux assises des Hydropathes. C’est assez dire que les séances ne manquèrent ni d’entrain ni de gaieté. Le fondateur eut alors l’idée de créer un journal, l’Hydropathe, qui conserverait pour la postérité les chefs-d’œuvre applaudis au cercle. Cette feuille hebdomadaire, ou plutôt intermittente, fut d’ailleurs éphémère. Elle mourut en juin 1880, ayant tiré 24 numéros. Elle reste cependant un curieux spécimen des agitations artistiques de l’époque. Dans chaque numéro, l’Hydropathe publiait une caricature signée Cabriol. C’était la charge d’un membre du cercle spirituellement croquée par Georges Lorin. Une biographie accompagnait ce portrait humoristique. Le journal constituait ainsi une véritable galerie des apprentis de la gloire. Beaucoup, du reste, ont, depuis, prouvé que ni l’esprit ni le talent ne leur faisaient défaut. Malgré les efforts d’Émile Goudeau et le dévouement de ses vice-présidents, Georges Lorin, Grenet-Dancourt, Georges Moynet, le cercle des Hydropathes connut les discussions intestines et les difficultés matérielles. En 1880, Émile Goudeau disparut du côté de Montmartre ; les Hydropathes s’évanouirent, abandonnant leurs traditions à trois héritiers directs : les Hirsutes, le Chat-Noir et le Décadent [1].

  1. Cf. sur les Hydropathes, Émile Goudeau, Dix ans de bohème. Paris, Librairie illustrée, 1888, in-12. — Francisque Sarcey, le XIXe siècle, 1er décembre 1878. — Jules Claretie, Indépendance belge, 1er février 1879.