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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/132

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Les cas que je cite sont venus à ma connaissance, et combien d’autres encore que j’y pourrais ajouter, sans compter ceux que j’ignore.

Mais, c’est à vous faire un plaidoyer comme celui-ci que je perds, moi, mon latin.

— Est-ce assez ridicule, me semble-t-il entendre autour de moi, conseiller l’étude du latin quand on ne sait pas même écrire le français.

Et, cette idée me fait tant de honte, que je me sauve, sans avoir le courage de tracer un mot de plus.


Lundi, 20 mars.

Dites donc un peu, M. le Rédacteur, si j’écrivais que la ville de Montréal ressemble à l’enfer, parce qu’elle aussi semble pavée de bonnes intentions, croyez-vous qu’il y aurait libelle, et que Belzébuth me traduirait devant ses tribunaux correctionnels ?

Faudrait-il que je rédigeasse pour Sa Majesté Satanique une petite rétractation, bien polie, bien tournée, reconnaissant humblement que j’ai été mal informée, et que, considérant l’état déplorable où sont aujourd’hui nos pavés, ceux de l’enfer n’y ressemblent en rien ?

S’il en est ainsi, pour éviter ces désagréments, je m’abstiendrai de toute comparaison, et, mettons tout de suite que je n’ai rien dit du tout.

Poursuivant cependant, l’idée principale qui doit faire le sujet de ma chronique, je dirai qu’il a paru dans un des premiers Montréal de la « Patrie, » vers le huit mars, si je me rappelle bien, un article demandant une maison de refuge, entretenue aux frais de l’État, pour les infirmes et les miséreux qui déambulent tous les jours dans nos rues en sollicitant l’obole du passant.

Bon nombre de citoyens influents, paraît-il, approuvent cette idée et plusieurs échevins seraient encore disposés à seconder le mouvement qui se fait dans cette direction.