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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/177

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Lundi, 8 janvier.

Mes meilleurs souhaits, chers lecteurs.

Vous allez les trouver, presque, hors de propos, car, l’année est déjà vieille de huit jours, et, dans ce pauvre monde où l’on ne se préoccupe que des lendemains, les jours passés sont vite oubliés.

N’importe ! Les souhaits et les vœux, ça devrait être de toutes les saisons, acceptez les miens. Ils ont du moins ce mérite qu’ils sont sincères. Beaucoup qui vous parlent ne pourraient en dire autant sans mentir.

Et maintenant, causons, étrennes.

Si les cadeaux pouvaient parler !

Un chroniqueur parisien fait à ce sujet les réflexions suivantes : —

« Si les cadeaux qui s’envoient, par ci par là, entre Noël et le premier jour de l’an, si ces cadeaux pouvaient parler, les destinataires en entendraient de raides.

La branche de lilas dirait à madame X :

— Vieille sorcière, vous êtes sotte et grincheuse ; mais votre mari est mon chef administratif. Respirez donc mon parfum troublant avec vos lourdes narines, et, puisse-t-il vous donner la migraine.

La coupe de marrons glacées dirait à ma tante Z.

— Je trouve, ô tante Z., que vous durez bien, bien longtemps ici-bas. Ne Croyez-vous pas qu’il serait préférable d’aller visiter l’autre revers du monde ? Mangez vite, et gloutonnement. À votre âge, il suffit parfois d’une indigestion.

Le collier de perles dirait à la belle madame K.

— Belle madame, regardez-moi, je coûte fort cher. Ce n’est pas uniquement pour ajouter un ornement à vos charmes que, l’ami qui m’envoie, me consacra un mois de son revenu. Seulement, dans le monde correct, les petits cadeaux se font à l’avance.