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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/183

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si vos passions sont plus fortes, nous sommes plus faibles… Si vous êtes plus exposés, nous sommes moins défendues… Nous avons à lutter contre nous-mêmes, contre notre imagination trop prête à s’exalter, contre notre cœur trop facile à vous croire… Mais cependant, oui, nous prions, oui, nous répétons de toute notre âme, et à deux genoux, ce : ne nous laissez pas succomber…

Violemment émue, elle s’arrêta. Une petite fille blonde, non loin de là, riait tout haut d’un rire clair et perlé.

Des parfums subtils et clairs remplissaient l’atmosphère, et les lustres jetaient mille points lumineux sur les beautés blondes et brunes, sur les toilettes aux reflets chatoyants.

Le bal battait son plein. Toutes les bouches souriaient, tandis que, dans un coin, un cœur de femme était triste à pleurer.

Depuis quelques minutes, les appels de l’orchestre ne se faisaient plus entendre ; chaque cavalier allait reconduire sa valseuse, et, après avoir consulté son carnet, se mettait à la recherche de sa nouvelle danseuse.

— Voici notre tour, dit l’un d’eux, en s’approchant de la jeune femme. Permettez que je vous réclame.

— Au revoir, dit l’autre doucement.

— Adieu ! dit-elle.

Et ils s’en allèrent chacun de son côté.


Lundi, 22 janvier.

Le carnaval étant fort court, cette année, chacun s’est dit : « Dépêchons-nous de nous amuser, avant que viennent les jours de cilice et de cendre. »

Et, il se passe à peine de soir où quelque plaisir ne nous convie.