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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/226

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Les deux sont donc des conséquences naturelles l’une de l’autre, et, il y va de l’intérêt de la société entière de les accroître par tous les moyens possibles.

Un auteur célèbre recommande aux mères de familles, dans un traité sur l’éducation des femmes, de développer comme une autre religion, dans l’esprit des petits enfants, cet amour de la patrie, ce sentiment de patriotisme éclairé, destiné à produire tant de bien sur un peuple.

Et, pour que ce sentiment ne reste pas endormi, il convient de l’agiter de temps à autre par des démonstrations publiques comme celles-ci.

Les feux de la St Jean ont été, cette année, un des principaux traits du programme de nos fêtes.

Chère, belle et vieille coutume, qui nous vient de France, et que je vois ressusciter avec un plaisir indicible ; gardons-la maintenant, fidèle, pour la transmettre à ceux qui viendront après nous.

Tant de touchantes et naïves traditions qui s’en vont, hélas ! chassées par l’indifférence et l’égoïsme des siècles nouveaux ! Et, qu’est-ce que ce raffinement de civilisation nous offre de meilleur pour les remplacer ?

En regardant, ce matin, défiler la procession, il m’est venu à l’esprit une anecdote, que m’a racontée, à ce sujet, un de nos hommes politiques, occupant, il n’y a pas longtemps encore, un poste important dans les affaires du pays.

Le récit est inédit, je crois ; je me permettrai de le reproduire ici, tout en regrettant de ne pouvoir le répéter avec le charme du spirituel narrateur.

Il y a une quarantaine d’années donc, vivait dans une campagne aux environs de Montréal, un petit garçon, fils de braves cultivateurs, à qui l’on avait promis d’aller à la ville assister à la fête de la St Jean Baptiste.

— Si tu es sage, avait ajouté le père.