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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/248

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être qui, par des conseils pleins de perfidie, l’ont poussé à sa ruine…

Il a pardonné les injures, les coups de pied de l’âne, les avanies, les mépris dont on l’a abreuvé ; il a pardonné les deux années d’agonie, qu’il a supportées avec cette acuité de souffrance que seules peuvent ressentir les natures ardentes et superbes, comme l’est la sienne.

Oui, sans doute, il eut ses heures de faiblesse, mais que celui qui n’a pas péché lui jette la première pierre !

Quand les foules empressées l’entouraient comme une idole, quand, arrivé au faîte des honneurs et de la gloire humaine, on aurait pu lui dire, comme autrefois les Grecs à l’un de leurs héros : « Meurs maintenant, puisque tu ne peux être dieu, » cet encens enivrant a peut-être, un moment, troublé ce génie, terreur des plus forts, mais aujourd’hui, après l’expiation, il ne reste plus que le souvenir de ses rares qualités et de son patriotisme dévoué.

Car il aimait son peuple. Que le peuple s’en souvienne !

Jamais il n’a eu honte de son titre de Canadien-Français.

Toute sa vie, il l’a porté fièrement, et il a combattu avec vaillance sous le drapeau de notre nationalité.

Demandez à la vieille Europe ce qu’elle pense de lui. Elle vous répondra ce que l’un de nous rapportait, hier encore, de son voyage au-delà des mers : « Son nom y est entouré d’une auréole dont rien n’a pu faire diminuer l’éclat. »

C’était une intelligence transcendante, un homme d’État au talent génial, un tribun entraînant et redoutable ; et quand les ressentiments, que ces esprits d’élite excitent toujours dans les âmes jalouses et mesquines, seront éteints, un jugement impartial et juste décrétera son nom digne de figurer dans le Panthéon de la