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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/289

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sont pour la plupart le résultat d’une fausse éducation, — que l’on ne se sentira pas quand même heureuse et fière d’appartenir à notre phalange.

— La souffrance et le dévouement exigent la vie de la femme ; l’homme y succomberait, dit aussi une femme intelligente, et je crois qu’elle a raison.

— Pourtant, l’homme aime mieux que la femme, ajoutait encore la jeune fille hésitante.

Mieux que nous ! notre vie, que nous donnerions volontiers, toutes les tortures, toute l’abnégation, les renoncements, les sacrifices que nous accepterions sans compter pour l’être aimé, ah ! non, les hommes n’aiment pas mieux que nous !

Mais je m’oublie, je vous entretiens, comme une égoïste que je suis, de tous mes plaisirs, sans m’apercevoir que cela pourrait bien vous ennuyer. C’est que, voyez-vous, j’ai rapporté de cette après-midi une si charmante impression que je n’ai pu résister au désir d’en fixer le souvenir dans cette chronique.


Lundi, 15 avril.

J’ai vu madame Langtry.

Depuis si longtemps, — c’est elle qui serait furieuse de ce « si longtemps, » — j’entendais parler de ce fameux lis du Jersey, que j’ai été bien aise de profiter de l’occasion qui s’offrait à moi.

Ces jours derniers encore, un vieux monsieur, qui l’avait connue dans sa ville natale, alors qu’elle n’était que la simple femme d’un ministre protestant, mais si jolie, si jolie qu’elle en tournait toutes les têtes, me racontait diverses anecdotes intéressantes à son sujet.

On n’a rien exagéré, je crois, quant à sa beauté ; c’est une femme superbe, aux traits finement ciselés, et une taille, oh ! une taille ravissante, mince, souple, onduleuse, comme un palmier.