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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/304

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C’est de cette destruction que vient la légende qui se rattache à cette histoire. Une partie du bassin de Bedford serait, dit-on, jonchée de débris, de canons, de trésors d’une richesse fabuleuse. On m’a parlé d’une petite île (Steven’s Island), que je regardais tous les soirs de ma fenêtre avec une vive curiosité, où les mânes des vieilles gardes françaises, habillées selon le costume de leur époque, montent la faction devant des coffres remplis d’or et d’argent. Malheur alors à l’imprudent qui s’aviserait d’aller troubler ces rondes macabres !

Je me suis souvent demandé comment il se fait que les historiens, si friands de beaux faits et d’héroïques entreprises, n’aient pas plus fouillé cette partie de l’histoire, si abondante en épisodes d’un intérêt extraordinaire. Nous avons tout près de nous des mines inépuisables qui ne demandent qu’à être exploitées et auxquelles personne ne semble songer.


Lundi, 30 septembre.

Par une belle journée de la fin d’août, je laissai Sydney en route pour Louisbourg, Louisbourg la glorieuse, Louisbourg la vaillante, qui pleure aujourd’hui, seule et désolée, sur les bords du grand océan, ses enfants qu’on lui a enlevés, son drapeau qu’on lui a arraché.

L’air était doux et tiède, un peu triste, car l’été s’en allait, mourant. J’avais l’âme tout imprégnée de la mélancolie de ces derniers beaux jours, qu’augmentait encore le souvenir des lieux que j’allais visiter.

De Sydney à Louisbourg, il y a trois heures de chemin de fer. C’est un trajet rapide, quand on considère que, deux mois auparavant, les communications ne se faisaient que par eau ou par diligence, ce qui donnait à cette excursion les proportions d’un long voyage.

Aujourd’hui, les touristes ne craignent pas de l’entreprendre, et Louisbourg, tiré du silence de l’oubli qui a pesé sur lui pendant tant d’années, va voir ses échos