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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/48

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longue, les sujets deviennent rares, qu’il y a des mortes-saisons dans ce métier, comme ailleurs, ils semblent surpris que cela puisse vous embarrasser un seul instant.

— Allons donc, dit-on, les sujets courent les rues. Parlez de ceci, de cela…

« Ceci, cela », c’est un peu vague. Poussez-les au pied du mur, pour obtenir plus de détails, et la source des informations est déjà tarie.

Alors vous suggérez vous-même quelque chose.

On se récrie vivement :

— N’entamez pas ce sujet, c’est trop délicat : vous blesseriez sans même vous en douter. Ne parlez pas de cette affaire, vous froisseriez quelque susceptibilité. Ne traitez pas cette matière, ce n’est pas assez féminin,… cette autre n’est pas de votre ressort.

Tant à la fin, que, si on les écoutait, il ne resterait que des sujets de composition bons pour des petites pensionnaires, et encore !

Hé, mon Dieu ! me diront quelques sages, le mieux à faire alors, c’est de poursuivre son petit bonhomme de chemin, sans s’occuper de personne.

Ma foi, c’est aussi ce que l’on fait, je vous prie de le croire.

L’expérience commune, celle qui est plus âgée que vous et moi, démontre sans cesse qu’il est depuis longtemps impossible de contenter tout le monde et son père.

Il vaut encore mieux écrire tout simplement, comme cela vient, et s’il n’est pas permis de dire tout ce que l’on pense, je crois qu’il est toujours préférable de ne jamais dire ce que l’on ne pense pas.

De sorte qu’au lieu de fouetter son imagination pour lui faire créer des hypothèses nouvelles, et de consulter l’opinion de celui-ci, de celui-là, avant de composer la