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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/58

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souffrances. Qui dira les douleurs secrètes, les déchirements intérieurs qui agitent une âme quelquefois, et qui se cachent soigneusement, semblables à ces volcans sous-marins dont l’éruption ne se manifeste pas au dehors.

Il est bien difficile d’accuser le cœur, et on ignore souvent toutes les larmes que cache un sourire…

Mais, c’est trop tôt, oh ! oui, trop tôt encore, pour parler des nouvelles fiançailles de la princesse Marie.


Lundi, 23 mai.

Après les mariages, les nécrologies. C’est dans l’ordre.

Il y a quelque temps, je vous conviais à des agapes patriarcales, données dans les environs de Montréal, à l’occasion des noces de jeunes mariés : aujourd’hui, je glane dans le recueil des notices nécrologiques.

Vous croyez que vous allez pleurer. Point.

«  S’il y a quelque chose d’amusant, disait Dickens, c’est le triste quand il est ridicule. »

Et il s’y connaissait bien, lui, le grand disséqueur du cœur humain.

Je ne sais quelle mouche pique certaines gens, qui ne peuvent laisser mourir personne, sans aller troubler le dernier sommeil des réflexions les plus sottes et les plus saugrenues.

Il n’y a pas de doute que tout cela est écrit avec les meilleures intentions du monde, mais ça assomme tout de même.

Les uns croient faire plaisir aux parents, aux amis : les autres cèdent au désir secret de se lire dans l’imprimé. D’aucuns saisissent avec empressement l’occasion d’aérer toutes les sentimentalités, les oh ! et les ah ! qu’un sujet si fécond ne manque pas de leur suggérer.