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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/10

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SIMILIA SIMILIBUS

ment, avant de me mettre à l’ouvrage, je m’imprègne.

S’imprégner, pour lui c’était se pénétrer, se saturer en quelque sorte de l’esprit, de ce qu’il appelait la mystique des choses ambiantes : c’était apprivoiser ses yeux aux teintes et aux nuances particulières à l’endroit, à la saison, à l’heure du jour ; en un mot, se fouetter le sang, sentir monter en soi la flamme sacrée de l’enthousiasme sans lequel le meilleur artiste ne peut rien devant la plus belle nature. Opération nécessairement très lente, comme toute inoculation. De même, l’écrivain a beau être profondément pénétré lui-même de la vérité d’une thèse favorite, il lui faut le temps d’en faire plusieurs fois le tour, de la considérer sous toutes ses facettes, d’en bien mesurer tous les tenants et aboutissants, avant que de pouvoir espérer faire partager sa conviction par ceux qui lui font l’honneur de le lire.

Pour revenir à mon artiste, lorsqu’enfin