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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/105

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SIMILIA SIMILIBUS

ruinés, réduits à la famine, adressant de vains appels à l’Ouest et au Middle West, où domine l’immigration germanique.[1] Comme vous le voyez, votre doctrine Monroe ne vaut pas cher par le temps qui court.

La voix tranquille, légèrement traînante, du premier ministre, s’élève à ce moment :

— Ce riant tableau que Monsieur le Général vient de tracer avec tant d’art présuppose tout de même certains préliminaires qui me paraissent assez invraisemblables. Avant de disposer aussi lestement de l’Amérique, il faudrait comme de raison que l’Allemagne eût préalablement brisé l’équilibre européen.

— Mais parfaitement, c’est fait ! reprend l’Allemand avec un aplomb tellement superbe que les sept visages d’en face, jusqu’ici imperturbables, se dérident pour un instant.

— Ne riez pas, messieurs, rugit le martial diplomate. J’avais en effet oublié de vous informer que nous frappons le grand coup exactement en même temps, j’oserais dire à la même

  1. The Invasion of America, by Julius W. Muller.— Voir New-York Times Review of Books, 16 janvier 1916.