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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/113

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SIMILIA SIMILIBUS

de ces syllabes avec un accent qu’il cherche à rendre aussi terrible que possible.

Celle du premier ministre laisse à peine percer une légère nuance d’émotion lorsqu’il dit :

— Mes collègues et moi, nous savons parfaitement que nous sommes aujourd’hui entre vos mains. Mais qu’est-ce que nous sommes ? Des passants sur la terre. Après nous, d’autres viendront. Vous pouvez supprimer les hommes ; mais il est une chose que vous ne pouvez tuer : l’Idée ! Quand vous abattriez toutes les têtes sur votre passage, derrière vous Elle surgira de terre, plus forte, plus vivifiée de tout ce sang répandu. Croyez-moi, ni vous ni celui qui vous envoie ne réussirez jamais à imposer à l’Amérique, qui veut et entend rester libre, l’hégémonie du fer…

— Soit, dit sèchement le général, je vous donne quarante-huit heures pour réfléchir. Je vous attendrai après-demain, à midi, à mes quartiers généraux.

Et, sans même saluer, lui et sa suite quittent brusquement la salle en faisant résonner les tuiles du parquet d’un grand bruit de ferraille.