Aller au contenu

Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nesse, celui où une fringante corvette française remontait le Saint-Laurent pour la première fois depuis la cession du Canada par Louis XV à George III. Par la suite, chaque fois qu’il arrivait des délégués de France, il était le premier à leur souhaiter la bienvenue comme à des frères. Il se considérait sérieusement lui-même comme un pur Français de France, l’un de ces malheureux émigrés que la fatalité avait forcés de quitter leur beau pays ; seulement, dans son cas, l’émigration avait eu lieu longtemps avant sa naissance.

Il était né de modestes, mais excellents parents appelés Gontrand. Mais dans son rêve de gloire il voulait se faire un nom à lui-même. Il s’en fit un, voici comment. Un jour qu’il remontait le fleuve en compagnie de brillants officiers de la marine française, à qui il était en train de faire un cours d’histoire du Canada où le four banal et le moulin banal des anciens seigneurs de la colonie française jouaient un grand rôle, il lui arriva, en passant au large d’un endroit appelé Saint-Denis, d’indiquer sur la rive un vieux moulin à vent dégarni de ses ailes, et