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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/227

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À SAUVAGES, SAUVAGES ET DEMI !

d’années par le courant d’émigration aux États-Unis, il s’était tout jeune mis au service d’une famille allemande à l’aise du nom de Meyer, qui, étant sans enfants, le prit en affection et finit par l’adopter.

Il avait suivi ses protecteurs à Berlin, où il avait appris la langue du pays et avait lui-même fini par se prendre pour un Teuton pur sang, naturalisé, faisant du militarisme comme les autres jeunes gens de son âge, gagnant même ses épaulettes à force de travail, mais aussi grâce aux hautes protections dont disposaient ses parents adoptifs. Sur le rôle de son régiment, il figurait sous le nom de Herr Hauptmann Franz Bulow Meyer ; c’était tout ce qui lui restait de son état civil baptismal et patrimonial — François Boileau, avec une petite rallonge allemande.

Une inconsciente nostalgie l’avait poussé à solliciter du service dans le corps expéditionnaire dirigé sur le Canada. Une fois à Québec, les souvenirs confus de son enfance commencèrent à brouiller sa petite métaphysique nietzschéenne.

Dans les somptueuses écoles où il avait étudié