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COUP DE TONNERRE

de temps qu’on ne peut le dire, un fulgurant météore parut sortir du même point de l’horizon, traverser l’espace en miaulant, décrivant dans les airs une vertigineuse trajectoire pour aller s’abattre avec fracas sur le promontoire de Québec, dont le dos d’éléphant piqué de scintillantes lumières se dessinait au loin en surplomb sur le fleuve.

Marie-Anne n’avait pas peur ; elle se sentait brave près de son fiancé. Elle lui demanda machinalement, comme en rêve :

— Qu’est-ce que tu penses de tout cela, mon ami ?

— Je songe, répondit-il, que c’est peut-être là le grand secret que le Prussien t’aurait révélé si tu ne devais pas devenir ma femme.

Comme pour répondre à sa pensée, une troisième explosion ébranla l’air, accompagnée des mêmes phénomènes.

Tout à coup quelqu’un cria dans la foule :

— Québec est en feu !

Effectivement, la haute silhouette du Gibraltar canadien n’était plus illuminée que par les fauves lueurs de ce qui semblait à cette dis-