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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/61

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NUIT BLANCHE

comme les batteries de tambours entre deux sonneries de clairons ; puis l’hymne reprenait sa dolente ascension du grave à l’aigu, avec ça et là un court motif rappelant quelque air de vieux cantique d’église, et tout cela se terminait platement par quelques notes prolongées sur lesquelles les voix semblaient s’attarder avec une ferveur toute particulière, comme si les paroles finales, d’une sonorité toute nasale, eussent eu la faculté de produire une griserie à elles propre.

— En voilà une drôle de complainte ! ne put s’empêcher de crier quelqu’un dans la foule.

Des gens qui avaient voyagé en Europe renseignaient leurs voisins. « Ce que vous entendez là, disaient-ils, c’est “Die Wacht am Rhein” (La Garde au Rhin), un air que les Allemands gueulent à tout propos depuis 1840, et dont ils ont fait leur hymne national. »

— Ah ! bien, fit un étudiant, mince d’hymne national, alorse… Nous avons mieux que cela.

Et d’une voix de stentor il entonna l’inspirante mélodie de Calixa Lavallée : Ô Canada !

Un autre groupe se mit à attaquer la Marseillaise. Et pendant quelques minutes ce fut un