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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/69

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V

DEUX PROCLAMATIONS


Il n’arrive pas à tout le monde de se coucher loyal sujet du roi de Grande-Bretagne et d’Irlande, et de se réveiller à l’aurore sous le joug de fer de l’Empereur des Allemands.

C’est du moins ce brusque changement à vue que proclamait, au soleil levant, au lendemain des scènes que nous venons de raconter, le sinistre emblème qui avait remplacé le pavillon britannique au grand mat de la citadelle, visible île très loin de son poste aérien à trois cents pieds au-dessus du fleuve : trois larges bandes horizontales, noir, blanc et rouge, au centre desquelles se détachait crûment la silhouette d’un oiseau gigantesque couleur de suie, plutôt vautour qu’aigle, objet d’épouvante avec ses griffes écarquillées, son bec crochu et ses ailes d’apocalypse.

Si ceux qui s’étaient empressés d’afficher cette marque de prise de possession s’étaient fait une fête de l’effet de terreur qu’elle produirait, ils en furent quittes pour leurs frais d’étalage.