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Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 1.djvu/203

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saint personnage appelé Rasian, qui vivait effectivement à cette époque, et habitait entre Langolen et le Faouet, c’est-à-dire à Tourc’h[1] ; enfin, si l'on examine avec une sérieuse attention l’œuvre dans toutes ses parties, peut-être pensera-t-on, comme nous, qu’il n’y a pas lieu de la croire postérieure a l’événement dont elle nous a conservé le souvenir.

Ce que nous ne présentons ici que sous la forme du doute, a été proclamé comme un fait et appliqué à la plupart des chants bretons, par M. Wolf, dans un savant ouvrage où il a bien voulu donner à nos idées le poids de son autorité[2].

Mais si nous faisons remonter jusqu’au sixième siècle la composition du chant breton, nous sommes loin de dire qu’il nous est parvenu dans sa pureté primitive. Probablement nous ne possédons qu’un fragment d’un poème beaucoup plus étendu. Cette observation ayant déjà été faite dans notre introduction, nous ne la renouvellerons plus.

îl nous reste à faire observer que la Peste d’Elliant a joui d’une telle popularité, que plusieurs des traits qu’elle renferme sont devenus des lieux communs qu’on trouve dans d’autres chants postérieurs sur des événements semblables.

La première version publiée a été chantée, il y a trente-cinq ans, à la mère de celui qui écrit ces lignes, par une pauvre veuve de la paroisse de Melgven, appelée Marie.

C’est à cette femme qu’on a fait allusion dans l’avant-propos de ce livre.

Quoique la pièce ait beaucoup perdu à la traduction, elle a vivement frappé les critiques à l’époque où elle a paru.

Deux professeurs distingués, l’un à Berlin, l’autre à Paris, l’ont citée pour modèle à leurs auditeurs ; et un des esprits les plus charmants de la littérature moderne, M. Poujoulat, en a parlé



  1. Sanctus Ratianus propter cladem suae gentis deprecatus est Dominum, et sic in aliis locis multis ita, et nunc exaudivit illum Dominus quando custodivit locum ejus (Tourc’h) a supradicta mortalitate. (V. Cartul. abbat. Landeven. (*) ap. D. Morice, Hist. de Bretagne, t. I, preuves,- col. 175 ; D. Lobineau, Vies des saints de Bretagne, Art. saint Gwénolé ; et l’abbé Tresvaux, ibid., 2° édition, t. I, p. 99.)
    (*) Ce Cartulaire a été écrit au commencement du onzième siècle. » (D. Morice, preuves, t. I, col. 177.)
  2. Uber de Lays, p, 336.