Aller au contenu

Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 1.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— S’il y est entré sept jeunes filles, vous serez la huitième ! —
Et eux de la jeter à cheval, et de s’enfuir au galop ;

De s’enfuir vers leur demeure, de s’enfuir rapidement avec
la jeune fille en travers, à cheval, un bandeau sur la bouche.

Et au bout de sept ou huit mois, ou quelque chose de plus,
ils furent bien déconcertés en cette commanderie ;
 
Au bout de sept ou huit mois, ou quelque chose de plus :
— Que ferons-nous, mes frères, de cette fille-ci maintenant ?

— Mettons-la dans un trou de terre. — Mieux vaudrait sous la croix.
— Mieux vaudrait encore qu’elle fût enterrée sous le maître autel.

— Eh bien ! enterrons-la ce soir sous le maître autel où
personne de sa famille ne la viendra chercher ! —

— Vers la chute du jour, voilà que tout le ciel se fend !
De la pluie, du vent, de la grêle, le tonnerre le plus épouvantable !

Or, un pauvre chevalier, les habits trempés par la pluie,
voyageait tard, battu de l’orage ;

Il voyageait par là et cherchait quelque part un asile,
quand il arriva devant l’église de la commanderie.

Et lui de regarder par le trou de la serrure, et de voir
briller dans l’église une petite lumière ;

Et les trois moines, à gauche, qui creusaient sous le maître
autel ; et la jeune fille sur le côté, ses petits pieds nus attachés.

La pauvre jeune fille se lamentait, et demandait grâce :
— Laissez-moi ma vie, messeigneurs ! au nom de Dieu !

Messeigneurs, au nom de Dieu ! laissez-moi ma vie ! Je me
promènerai la nuit et me cacherai le jour. —

Et la lumière s’éteignit, et il restait à la porte sans bouger,
stupéfait.