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Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 1.djvu/420

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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Le peuple voit encore, la nuit, les moines rouges : ils sont vêtus de manteaux blancs et portent une grande croix écarlate sur la poitrine ; ils montent des squelettes de chevaux enveloppés dans des draps mortuaires. Ils poursuivaient, dit-on, jadis, les voyageurs, s’attaquant de préférence aux petits garçons et aux jeunes filles, qu’ils enlevaient et conduisaient Dieu sait où, car ils ne les ramenaient point. On raconte qu’une pauvre femme attardée, passant près d’un cimetière, ayant vu un cheval noir, couvert d’un linceul, qui broutait l’herbe des tombeaux, puis tout à coup une forme gigantesque avec une figure verte et des yeux clairs venir à elle, fit le signe de la croix ; qu’à l’instant ombre et cheval disparurent dans des tourbillons de flammes, et que, depuis ce jour, les moines rouges (car c’en était un) ont cessé d’être redoutables et perdu le pouvoir de nuire.

C’est peut-être une allégorie de leur épouvantable fin.

M. Turquety a été si frappé de la beauté des vers qu’ont vient de lire, leur caractère répond si bien au côté grave et sombre de sa nature poétique, qu’il a voulu faire au chanteur breton l’honneur de jouter avec lui, en français. Inutile de dire lequel des deux poètes a été vainqueur. L’auteur d’Amour et Foi, du reste, n’avait pas besoin d’une couronne nouvelle. Quel cœur honnête, jeune et pur ne s’est pas écrié souvent, après l’avoir lu :


Et vos, ô lauri, carpani, et te, proxima myrte !


À cette verte et fraîche guirlande, j’ajouterai, comme Breton, une branche de bouleau fleuri, laurier des vieux bardes, et poursuivrai avec Virgile :


Sic positæ quoniam suaves miscetis odores.


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