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IV.


La tête-de-blaireau (Bembrough) disait alors à Tinteniac, qui s’approchait :

— Tiens, un coup de ma bonne lance, Tinteniac, et dis-moi si c’est un roseau vide.

— Ce qui sera vide dans un moment, c’est ton crâne, mon bel ami ; plus d’un corbeau y grattera et becquètera sa cervelle. —

Il n’avait pas fini de parler, qu’il lui avait donné un coup de maillet tel, qu’il écrasa, comme un limas, son casque et sa tête à la fois.

Keranrais, en voyant cela, se mit à rire à grince-cœur :

— S’ils restaient tous, comme celui-ci, ils conquerraient le pays !


— Combien y en a-t-il de morts, bon écuyer ?

— La poussière et le sang m’empêchent de rien distinguer.

— Combien y en a-t-il de morts, jeune écuyer ?

— En voilà cinq, six, sept, bien morts. —


V.


Depuis le petit point du jour, ils combattirent jusqu’à midi depuis midi jusqu’à la nuit, ils combattirent les Anglais.


Et le seigneur Robert (de Beaumanoir ) cria : — J’ai soif ! oh ! j’ai grand soif ! —

Lorsque du Bois lui lança (comme un coup d’épée) ces mots : — Si tu as soif, ami, bois ton sang !