Aller au contenu

Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 1.djvu/467

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



IV.


Quand la jeune fille passa le long des douves, le seigneur était à l’attendre,

A l’attendre auprès du pont-levis ; si bien qu’elle tressaillit d’épouvante,

D’épouvante en l’apercevant, et renversa son pot au lait.

Voyant cela, la pauvre fille se mit à pleurer amèrement.

— Taisez-vous, ma sœur, ne pleurez pas, on vous donnera un autre pot au lait ;

Approchez, et allons déjeûner, tandis qu’on le préparera.

— Beau seigneur, je vous remercie; j’ai déjeuné, bien déjeuné.

— Alors venez au jardin, venez cueillir de belles fleurs,

Venez cueillir une guirlande pour orner votre pot au lait.

— Je ne porte point de fleurs, je suis en deuil cette année.

— Alors venez aux vergers, venez manger des fraises rouges comme une braise.

— Je n’irai point manger des fraises ; sous les feuilles il y a des couleuvres.

J’entends l’appel des laboureurs de l’écobue : ils disent que je suis paresseuse.