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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/125

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1600. novembre.

Cependant l’armée du roy croissoit infiniment, et tous les princes et seigneurs de France y venoint a l’envy. Les batteries commencerent a tirer contre Montmelian : mais apres le premier jour elles cesserent, parce que le comte de Brandis[1] quy en estoit gouverneur, parlementa, et en fin traitta que, sy dans un mois la place n’estoit secourue par une armée, qu’il la rendroit au roy[2]. Allors monsieur le legat arriva a Chamberi, quy y fut reçeu magnifiquement ; et en passant proche de Montmelian, on mit l’armée en bataille, quy faisoit montre generale ce jour la.

Le roy, en mesme temps, s’en alla a Moustiers, parce que le duc de Savoye avoit regaigné toute cette vallée de Saint Maurice[3] quy est depuis le petit Saint Bernard jusques au pas du Ciel, quy estoit gardé par les regiments de Navarre et de Chambord.

Novembre. — Le roy y vint, et y fit attaquer une grande escarmouche, ou il fut toujours, pour commander et nous faire retirer, a la merci d’infinies mousquetades quy luy furent tirées. Il s’en retourna coucher a Moustiers, et de la vint à Chamberi par Montmelian quy lors luy fut livré, suyvant la capitulation precedente. Il y trouva monsieur le legat, avesques lequel il eut diverses conferences sans rien resoudre.

Madame de Verneuil s’en retourna en France, et le roy alla assieger le fort Sainte Caterine ; et apres

  1. Jacques de Rivolles, baron de Brandis.
  2. La capitulation fut signée le 16 octobre.
  3. Moutiers et Saint-Maurice étaient les deux villes principales de la Tarentaise.