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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/236

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journal de ma vie.

tel[1], quy me passoit de beaucoup. Je m’y en allay un matin avec Mr de Pralain quy avoit eu nouvelle de la mort de Mr de la Guyche[2], lieutenant général en Lionnois, et alloit pour en demander la charge au roy ; mais il trouva, a son arrivée, qu’a l’instance de Mr de Villeroy, le roy l’avoit donnée a Mr d’Alaincourt[3], quy estoit lors son ambassadeur à Romme.

Nous demeurasmes quelques jours a Fontainebleau, jouant le plus furieux jeu dont l’on ait ouy parler. Il ne se passoit journée qu’il n’y eut vingt mille pistoles, pour le moins, de perte et de gain. Les moindres marques estoint de cinquante pistoles, lesquelles on nommoit quinterottes, parce que celles la alloint bien viste, a l’imitation de ces chevaux d’Angleterre que Quinterot avoit amenés en France plus d’un an auparavant, quy ont depuis esté cause que l’on s’est servy des chevaux anglois, tant pour la chasse que pour aller par païs, ce quy ne s’usoit point auparavant. Les marques plus grandes estoint de cinq cens pistoles, de sorte que l’on pouvoit tenir dans sa main à la fois plus de cinquante mille pistoles de ces marques

  1. Voir sur Pimentel et sur Édouard Fernandez, dont il a été parlé à la page 196, les Mémoires de Sully, liv. XXV, et L’Estoile, année 1608.
  2. Philibert, seigneur de la Guiche, fils aîné de Gabriel, seigneur de la Guiche, et d’Anne Soreau, dame de Saint-Géran. Le P. Anselme place sa mort à la Fête-Dieu de l’année 1607.
  3. Charles de Neufville, marquis d’Alincourt, et depuis, de Villeroy, fils de Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy, ministre et secrétaire d’État, et de Madeleine de l’Aubespine, mort en janvier 1642, à l’âge de 75 ans. Il avait épousé en premières noces Marguerite de Mandelot, dont le père avait été gouverneur de Lyon et du Lyonnais.