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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/117

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1622. aout.

dignement recevoir Vostre Majesté ; ce que vous leur accorderés : mais tesmoygnant de l’impatience d’aller trouver la reine vostre femme que vous ferés descendre à Arles[1] (de Lion ou elle est), laissant la charge de recevoir Montpelier a monsieur le connestable quy demeurera icy avesques une partie de vostre armée, vous irés avec l’autre faire vostre entrée a Nismes et a Uses. Ainsy, Sire, vous ne perdrés aucun temps pour vos affaires ny pour vostre retour, et elles seront parfaitement bien accomplies a mon avis ; quy est ce que je puis dire a Vostre Majesté sur ce sujet. »

A peine Mr le Prince quy avoit escouté Mr de Bulion avesques impatience, le peut laisser finir, qu'il commença a desclamer contre luy et la cabale qu’il disoit quy avoit forgé cette paix a l’insceu du conseil, et la vouloit faire passer et conclure avesques honte et infamie. Mais le roy, aupres de quy il estoit, avesques la main et la parolle le retint, luy disant qu’il laissat librement opiner un chascun, et qu’en son rang il auroit tout loysir de parler ; ce qu’il fit tellement quellement, se desmenant sur son siege et montrant par ses gestes la repugnance qu’il avoit a ces avis, plusieurs desquels furent conformes en suitte : car Mr le president Faur ayant dit peu de paroles et en pareil sens que Mr de Bulion, conclut en la mesme façon, comme firent en suitte Mrs de Montreal, de Portes, de Valançay, Zammet, et Marillac ; puis quand ce vint a moy, Mr le Prince quy avoit toujours dit quelque mot bassement[2], esleva davantage sa voix et dit : « Je sçay

  1. Il y avait aux précédentes éditions : Aletz.
  2. A voix basse.