Aller au contenu

Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
1622. septembre.

furieux quand ils viennent), qu’il fut impossible de rien faire autre chose que de se garantir d’estre noyé[1]. La terre quy est seche et pressée, ne boit point l’eau, laquelle s’escoule aux lieux bas et aux chemins creux, quy s’emplissent quelquefois de six et sept piés d’eau. Cette pluye fit grossir et desriver le Merdançon et emporta plus de cent lansquenets quy pour esviter les grandes chaleurs, avoint fait des creux contre sa rive et s’y estoint huttés.

Le lundy 19me nous nous donnames la main avec le quartier de Picardie par une ligne de communication quy fut tirée depuis le costé droit de nostre grande batterie jusques a eux.

Le mardy, et mercredy suyvant nous achevasmes la batterie, et nous avançames vers le ravelin a la sappe. Ce dernier jour Mortieres fut blessé, quy nous incommoda fort, car il estoit bien entendu aux travaux.

Le jeudy 22me comme je vins le matin au conseil, je sceus que le roy avoit donné parole a Mr le Prince de faire Mr Alligre garde des sceaux ; au moins en avoit il asseuré le petit coucher, et eux luy, et Mr de Puisieux me dit en entrant qu’il estoit desesperé de cette affaire, dont je fus bien marry pour l’amour de luy quy estoit mon amy, et pour l’amour de moy encores parce que Mr Alligre ne m’en avoit jamais voulu prier, soit par mespris, soit pour se croire fort asseuré de son affaire et n’avoir besoin de mon ayde. Comme je fus entré, Rouccelay me tira en un

  1. Suivant Hérouard le roi avait chassé le 18, et ce fut seulement le 19 qu’il « ne sortit point à cause de la pluie. »