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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/328

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journal de ma vie.

gées des gens du regiment du Plessis Pralain, relascherent au Plom, et deux autres au moulin de Laleu, quy furent suyvies par deux roberges angloises de sy pres que la mer leur faillit[1], et toucherent terre. Je fis en diligence venir deux canons pour tirer sur elles, ce que je fis de telle sorte qu’une des deux receut cinq coups dans le corps du vaisseau, et l’eusse coulée a fond sy, la mer revenant, huit chalouppes ne l’eussent remorquée.

Saint Surin[2] revint de l’isle de Ré, et le roy m’envoya Sanguin avec de l’argent pour faire que rien ne manquat a l'embarquement, a quoy je proveus selon son desir.

Le lendemain mardy 2me le roy me fit venir en son quartier pour me proposer de passer en l’isle parce que Chomberg estoit encor en la Charante ou il avoit relasché. Je fus tout pres de passer selon son desir, et le mien ; mais le garde des sceaux fit telle instance d’attendre encor ce jour là des nouvelles de Chomberg, qu’il me retint. Je faillis a mon retour d’estre pris par une embuscade que les ennemis m'avoint dressée proche de Lagor[3].

Le mercredy 3me je fis mes pasques, dont j’avois esté diverty les deux jours precedens.

Mr de Chomberg m’envoya deux barques pour

  1. Faillit aux gamberges.
  2. Saint-Seurin, gentilhomme huguenot, avait pratiqué quelques négociations auxquelles Toiras n’avait prêté les mains, dans le moment de sa détresse, que par feinte et pour gagner du temps, si du moins il faut en croire son historien. Le cardinal néanmoins s’en était montré assez mécontent (Lettres et papiers d’État).
  3. Lagord, village situé au nord de la Rochelle, à peu de distance de l’Houmeau.