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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/340

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journal de ma vie.

souper et coucher en mon quartier pour y attendre son frere Toiras[1].

Le mardy 23me il s’eschoua une barque quy venoit de Ré au moulin de Laleu, que des barques rocheloises vindrent piller : je m'y trouvay de bonne fortune avec vingt Suisses ramassés, et leur fis quitter ; puis je m’en retournay a Lafons.

Le mercredy 24me Beaumont et son regiment arriverent de l’isle.

Guron me vint trouver que je malmenay pour n’avoir pas bien assisté des choses necessaires quy despendoint de Marans[2], l'embarquement de Ré.

Le jeudy 25me Toiras arriva de l’isle et disna avec moy, puis fut pour trouver le roy quy estoit le jour auparavant party pour aller a Surgeres, ce quy le fit revenir souper et coucher cheux moy.

Une barque des Rochelois, en rentrant dans leur port, fut coulée a fond par les coups de canon quy leur furent tirés du Fort Louis.

Le vendredy 26me je vins disner a Angoulains avec les autres chefs de l’armée pour resoudre des vivres, des prets, et des autres choses necessaires. De là je m’en revins demeurer fort tard au fort de Lafons quy s’avançoit d’heure en heure.

    Claret de Saint-Félix, fut évêque de Nîmes en 1625. Il mourut le 4 mai 1642.

  1. Il y avait aux précédentes éditions : son frère et Toiras.
  2. Marans, chef-lieu de canton de l’arrondissement de la Rochelle, sur la Sèvre-Niortaise. Guron, qui possédait la confiance et l’amitié du cardinal de Richelieu, était gouverneur de Marans : le roi et le cardinal lui avaient demandé une fourniture de vivres pour le secours de l’ile de Ré (Lettres et papiers d’État du cardinal de Richelieu, t. II, p. 695-696).