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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/342

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journal de ma vie.

Le mardy dernier jour de novembre j’allay au conseil cheux le roy : puis je vins a Lafons ou de la ville on tira une canonnade quy tua quattre travailleurs.

Decembre. — Le mercredy premier jour de decembre le commandeur de Valançay, et Toiras, me vindrent voir. Je les menay apres disner voir travailler au fort de Lafons.

Le jeudy 2me je fus voir Beaumont quy estoit a l’extremité.

Le soir Mr du Hallier revint du quartier du roy qu’il me dit estre en colere contre moy, et [qu’il luy avoit dit][1] que je ne voulois rien faire de tout ce qu’il me commandoit. Le fait estoit que ces messieurs de son quartier, l’ignorance desquels j’avois publiée en la construction du fort d’Orleans, luy dirent que, bien qu’il m’eut ordonné de fortifier toute la garenne de Lafons, je n’en avois voulu fortifier que le quart ; que neammoins j’y ferois une prodigieuse despense parce que ce fort estoit de bois ; que les courtines avoint vingt piés d’espaisseur ; que je ne faisois qu’un simple quarré sans flancs aucuns, et que je l’eslevois trop haut. La derniere fois que je vis le roy, il me dit : « Il me semble que quand vous ne feriés vos courtines sy espaisses, que ce seroit le meilleur. » Je luy respondis : « Sire, sy Vostre Majesté avoit veu le fort, Elle jugeroit elle mesme que les courtines n’ont pas trop d’espaisseur. Obligés moy de m’en laisser le soin, et sy puis apres il n’est a vostre gré, ne me blasmés pas seulement, mais me chastiés. » Sur cela je m’en allay,

  1. Inédit.