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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/362

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journal de ma vie.

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Esprit et que j’irois a la charge, qu’il y vint aussy de son costé, et je m’en allay au galop au fort Saint Esprit, faisant sortir cinquante mousquetaires sur la contrescarpe pour me favoriser. J’avois un gentilhomme, deux de mes gardes, et un capitaine du regiment de Vaubecourt, nommé Moleres[1], avec moy ; et comme je sortis du fort pour voir leur contenance, j’ostay mon chapeau pour commander quelque chose au comte de Ribeyrac quy estoit de garde au fort avec partie de son regiment : Rives creut que je luy faisois le sinne que je luy avois dit, et vint a la charge a toute bride. Comme je vis que l’affaire estoit embarquée, je poussay aussy, moy cinquieme, de telle sorte que les ennemis ne soutinrent pas nostre charge, et voulurent repasser le marais. Mais nous leur tuasmes deux chevaux et un homme, et je pris prisonnier, quy se rendit a moy, un jeune gentilhomme neveu de Mr de Courtaumer[2], bien monté et armé, quy faisoit la retraitte : il se nommoit Bonneval, que monsieur le cardinal m’envoya demander pour tascher de l'eschanger avesques Feuquieres[3].

Le mercredy 16me je continuay mes travaux, et eusmes allarme la nuit, de deux barques quy partirent

  1. Pierre de Molère, seigneur de Gueyze.
  2. Cyrus-Antoine de Saint-Simon, marquis de Courtaumer, fut tué en 1639 dans la révolte des Pieds-Nus en Normandie.
  3. « Hier les Rochelois furent battus du costé de M. de Bassompierre. Ils estoient sortis douze chevaux, dont deux furent tuez, deux autres blessez et un prisonnier, qui est parent de Courtaumer. M. de Bassompierre s’y trouva qui donna fort bon ordre en ceste affaire. » (Lettres et papiers d’État, lettre du cardinal de Richelieu au roi, du 16 février 1628.)